

« Encore une bonne résolution tombée à l’eau, encore un objectif raté. Et pourtant, je l’avais visualisé, j’en avais vraiment envie ! ». Et maintenant, vous avez encore moins de confiance en vous-même et votre moral est dans les chaussettes. Les entraîneurs sportifs ne le savent que trop bien : visualiser la victoire est le meilleur moyen d’échouer. Souvenez-vous de la réponse systématique : « pas de pression, on va se concentrer sur le match, et on verra… ». Mais alors, comment cela fonctionne ?
Nous sommes plusieurs à l’intérieur.
Quand on est en contact avec une de nos envies, un désir, l’émotion apparaît au détriment de la raison, et c’est tant mieux. On se met à se projeter : « ah, si je pouvais retrouver le poids de mes 20 ans, changer de boulot, partir au soleil… ». Et, plus c’est merveilleux, plus ça nous fait envie, plus nous pouvons ressentir ce que ça nous ferait si l’objectif était atteint. L’enfant qui est en nous se réveille, et avec sa naïveté innocente, nous murmure : « vas-y, c’est possible ! ». Vous savez, comme le petit garçon qui regarde un match à la télé, et qui veut lui aussi devenir une vedette du sport. Il a envie de se mettre au sport immédiatement. On lui achète l’équipement, en lui rappelant bien qu’il faudra du temps et des efforts. Il est d’accord, très enthousiaste. Puis, quelques mois après, parfois même quelques semaines, il jette l’éponge et abandonne. Et oui, il ne pouvait pas prendre en compte le facteur temps, et le facteur efforts.
C’est un enfant. Au fond de nous, il y a toujours cet enfant qui croit au Père Noël, à la magie. C’est lui qui vous fait jouer au loto, qui vous pousse à acheter des pilules « miracles », des remèdes zéro effort… Beaucoup d’émotions et peu de réflexions. Vive la spontanéité !
Il est donc nécessaire d’avoir un peu de recul, et après avoir profité de cette bouffée de fraîcheur où « on se voit déjà en haut de l’affiche », d’évaluer avec raison, le temps et les moyens à mettre en oeuvre pour réaliser l’objectif. En d’autres termes, mobiliser l’adulte qui est en vous pour accompagner votre enfant farceur ! Je croise de plus en plus de jeunes persuadés de n’avoir à travailler que 2 ou 3 ans avant d’être millionnaire grâce à leur start-up sur Facebook… Et pour certain, ça fait 10 ans qu’ils galèrent sans un sou avec le même discours : « si je le crois, tout est possible ». Les yeux rivés sur le sommet, ils en oublient qu’il y a une montagne à gravir en dessous.
Plus l’objectif est haut, plus il demande de temps et de changements.
Passer de 80kg à 55kg en 3 mois demande beaucoup plus de temps que de passer de 80kg à 77kg en 3 mois. Pourtant, c’est la même durée ! Oui, il s’agit du temps investi à réaliser l’objectif, pas du temps qui passe. Voyons cela de plus prés :
Pour gagner 25kg de légèreté en 3 mois, il va falloir changer beaucoup de ses habitudes, remettre en question toute sa façon de manger, de bouger, de dormir… C’est tout au long de la journée que vous allez devoir penser à changer ceci et rajuster cela. Bilan : vous allez passer 80% de votre temps à penser à votre objectif pendant ces mois.
Pour gagner 3kg de légèreté en 3 mois : il vous suffit de changer juste une simple habitude néfaste comme enlever le sucre de votre alimentation, vous remettre au sport 4 fois par semaine, ou encore ne plus grignoter entre les repas. Il est évident que cela va vous prendre moins de temps.
Dans tous les cas, faites vous aider par un professionnel, car vous ne pouvez pas savoir ce qui vous correspond en étant juge et partie. Et surtout, ne pas vous tromper sur les moyens que vous êtes prêt à mettre pour réussir. Il vaut mieux considérer ses moyens et adapter son objectif dans un premier temps. Et si vous êtes prêt à augmenter les moyens et le temps, augmentez l’objectif.
Le doute est le meilleur ami du sage.
« Savoir qu’on ne sait pas grand chose, est la plus sûre des connaissances » disent les chinois. Souvent, le doute dans l’atteinte d’un but est bon. Il nous fait nous remettre en question, redoubler d’efforts, et surtout, prendre conscience que rien n’est acquis. Je vous invite à cultiver ce doute, et de faire de votre mieux, en sachant que vous auriez pu mieux faire si vous « aviez su » comment cela allait se passer. Restez concentré sur l’étape que vous êtes en train de vivre, restez concentré sur l’effort qui est demandé maintenant, c’est déjà très bien. Le reste, vous le verrez après. L’arrogance de celui qui sait tout se fige dans la réalité crue de « raté de peu, c’est raté quand même ».
Visualisez le chemin, pas le sommet.
C’est en faisant le chemin vers l’objectif que vous allez réaliser les changements nécessaires à votre succès. Visualisez la prochaine étapes, juste un jour à la fois. C’est sur le chemin que vous rencontrerez ceux qui vont vous encourager, vous décourager, vous inspirer. À chaque pause, vous pourrez voir le chemin accompli, et apprécier ce qui a été fait. Ce n’est pas l’atteinte de votre objectif qui vous changera, mais ce que vous aurez fait pour l’atteindre, et surtout, ce que vous aurez changé en vous. C’est aussi une question de travail d’équipe. Seul, on ne va jamais bien loin. Entourez-vous de personnes qui vous aident, qui ont des objectifs similaires, ou qui sont des références en terme de succès.
Quand on interview un champion après sa victoire, ce qui revient le plus souvent, c’est « je n’y croyais pas » et « je remercie les personnes qui m’ont accompagnées ».
