

Bonjour, je m’appelle Paul O. et j’ai été dépendant de la nourriture pendant plus de 25 ans. Je suis tombé dans le surpoids et dans la bouffe très jeune.
J’ai mangé, beaucoup mangé, parce qu’on m’a dit que quand j’étais bien portant, ça rassurait maman. J’étais en bonne santé. Un bon petit bide, c’était une bonne santé. Et c’était très confortable par rapport aux camarades, parce que comme j’étais un peu plus gros que les autres, on m’embêtait moins, ils avaient l’impression que j’étais plus fort, donc c’était pas mal. Quand je rentrais quelque part, et bien, on me voyait. J’avais pleins d’avantages à être en surpoids, donc je suis devenu de plus en plus gros.
C’est vraiment une véritable drogue cette image de la personne en surpoids. En plus, les “gros”, c’est sympa, et justement, j’avais envie d’être sympa.
Mais plus le temps passait et plus ça me dépréciait. Je me trouvais réellement en surpoids. J’ai commencé à me sentir mal, à penser que je n’étais plus capable de prendre soin de mon corps et je me suis installé dans une routine. C’est comme ça que je suis tombé dans le surpoids, et tous les jours, je cultivais mon surpoids. Je n’arrivais pas à faire une journée d’abstinence. Le fait de pouvoir contrôler mon poids me paraissait impossible, trop d’efforts, trop de frustrations. De temps en temps, une lueur d’espoir me faisait essayer des régimes amincissants, mais à chaque fois, je replongeais. Il fallait que je mange, et forcément, je grossissais. Je n’étais bien que dans cet état. Parfois, une petite voix me disait : “ vas-y, mange, fais toi plaisir, tu le mérites bien ”, et une fois rassasié, une autre voix me disait “ tu vois, tu n’as aucune volonté ”. En fait, je n’étais pas bien, mais j’étais moins mal que si je me privais. À différents maux, choisir le moindre.
J’ai commencé à perdre mon estime de moi. J’ai touché le fond lorsque je n’ai plus vu de désir dans le regard de ma femme, quand à chaque escalier je devais faire une pause, essoufflé. Et cette transpiration continuelle… “ Avec de la volonté, on peut tout ”, me disait-on. Et bien non, je ne pouvais pas ! Je ne savais plus quoi faire, j’avais tellement besoin de manger. La dépression commençait à s’installer tout doucement. J’ai décidé d’aller demander de l’aide et grâce à un véritable soutien, j’ai pris conscience de mon problème et j’ai compris que moi seul pouvait changer ce comportement. Alors, je me suis fait aider et j’ai appris à me connaître. À connaître mes motivations, mes forces et mes faiblesses. Puis, j’ai commencé à m’accepter. Ça m’a pris plus d’un an.
Aujourd’hui, je suis fier de constater que ça fait plusieurs mois que je ne touche plus à ce qui m’a fait cultiver mon surpoids, que je ne suis plus dans « la grosseur » et j’essaie de ne pas retomber dedans jour après jour.
J’ai retrouvé un corps comme j’avais envie d’avoir, un corps svelte qui correspond vraiment à une image belle de moi et dont je suis très fier. Tous les jours, je me bats pour ne pas replonger dans mon addiction, pour ne pas retoucher à ce qui m’a fait devenir gros, pour ne pas retomber dedans, c’est un combat continu. Il faut que je sois vigilant.
Être de nouveau en surpoids, signifie pour moi, prendre le risque de perdre les gens qui m’aiment, parce qu’à un moment donné, ce n’est plus forcément possible pour eux d’assumer ça. C’est perdre ma forme physique, plus de sport, de marche, de randonnées, une santé dégradée. C’est perdre aussi la possibilité de pouvoir vivre longtemps, de pouvoir assister au mariage de mes enfants, d’être une image de santé pour mes enfants… J’ai toujours ça en tête, du coup, je ne touche plus à ce qui m’a fait devenir gros. Aujourd’hui, je n’ai plus envie de perdre, j’ai envie de gagner !
