

Partie 1
Positives, négatives, refoulées, perturbatrices, les émotions sont encore un mystère pour beaucoup. Pourtant, nous les ressentons sans les provoquer, et cela, quotidiennement. D’où viennent-elles ? À quoi servent-elles ?
Une émotion est une perturbation de notre état interne, qui traduit une perturbation de notre équilibre avec le monde extérieur ou intérieur. Nous évoluons dans un environnement qui a sa propre vie, sa propre trajectoire, et nous devons nous adapter en permanence. Ces adaptations demandées nous poussent à changer nos comportements. Les émotions sont le code utilisé par notre cerveau pour nous indiquer quelle adaptation nous devons faire, pour retrouver ou maintenir notre équilibre avec notre monde. C’est juste un signal, une indication sur ce qui doit être changé, pour recréer un équilibre.
Voici quelques exemples avec des émotions simples :
La tristesse : elle signale un manque affectif lié à une perte ou une absence. Faire le deuil, être consolé fait passer la tristesse. Cette émotion appartient au passé.
La colère : elle demande l’arrêt d’un comportement ou d’une situation qui nous dérange, et se résout par l’obtention de la demande. C’est une émotion qui appartient au présent.
La peur : elle prévient d’un danger à venir et qui se résout lorsqu’on est rassuré. C’est une émotion qui appartient au futur.
C’est notre capacité à comprendre la demande d’adaptation et à réagir de façon adéquate qui va stopper l’effet de l’émotion. Une fois l’équilibre retrouvé, l’émotion s’en va.
Mais voilà, bien souvent l’émotion est mal comprise, l’adaptation est maladroite, et l’équilibre n’est pas retrouvé. L’émotion devient alors négative, gênante. Elle peut être refoulée, ignorée, banalisée ou faire manger.
Manger pour ne plus ressentir
Je suis triste, je me console avec du chocolat. En colère, je dévore la tablette. Angoissé, j’engloutis ma crème glacée… Bien sûr, cette réponse n’étant pas adaptée, manger ne nous offre qu’un répit, plus ou moins long, avant de ressentir l’émotion qui, non résolue, continue de nous signaler que ça ne va pas. Et c’est dans beaucoup de cas, une très bonne chose.
Si comme moi, vous avez été dans ce genre d’addiction, félicitez-vous. Vous avez choisi une addiction légale, qui ne vous détruit pas tout de suite. D’autres auraient pris des drogues, des médicaments, de l’alcool pour ne pas ressentir. Vous, raisonnable et modéré, avez choisi un moyen naturel, peu offensif comme solution. Bravo. Il vous sera d’autant plus facile de vous en libérer.
Temporiser pour se comprendre
Comment identifier alors ce qui se cache derrière ces gestes d’automates, d’émotions qui nous interpellent ? C’est assez simple en somme. Il suffit juste de ne pas manger. Vous démarrez le geste, et là, vous attendez. Vous vous posez la question suivante : “Ai-je réellement faim ?” La réponse à cette question est non, mais j’ai réellement besoin de manger. Ok, et qu’est-ce qui se passe exactement si vous ne mangez pas ? Et bien, c’est simple, vous allez rentrer en contact avec l’émotion qui est là. Maintenant, il vous faut identifier cette émotion avec précision. C’est souvent cette étape qui ne se réalise pas de façon correcte et l’émotion ressentie est mal identifiée. Pourquoi ? À cause d’un apprentissage non pertinent.
Les émotions parasites
C’est un fait, l’éducation dans notre pays ne donne pas beaucoup de place à l’expression de nos émotions. Le petit garçon, lorsqu’il est triste et qu’il pleure, s’entendra dire : “Tu ne vas pas pleurer comme une fillette quand même ?!”. Idem avec sa peur. Ce petit garçon, par contre, verra sa colère reconnue, et choisira, quand il est triste ou terrifié, d’exprimer ses émotions sous forme de colère. Mais la colère ne rassure pas. Et l’émotion non résolue continuera de se manifester de façon inappropriée. Donc, pour reconnaître une émotion qui nous traverse avec certitude, il faut en connaître l’objet, sa temporalité, et ce qui la résout.
Ajouter d’autres habitudes
Pour enlever l’air contenue dans une bouteille, il est plus facile de la remplir d’eau que de faire le vide à l’intérieur. Il en est de même pour nos habitudes. Plutôt que de combattre vos compulsions, écoutez les, et donnez-vous d’autres options. Je suis convaincu que chacun fait ce qu’il peut avec ce qu’il a. Nous faisons tous de notre mieux. Il suffit donc d’explorer d’autres options pour avoir un choix de comportement plus large. La connaissance de la diététique sera résolutoire pour certains, d’autres se lanceront des défis, certains se feront aider, et d’autres se mettront au service de grandes causes. Peu importe, le tout est de donner un os à ronger à sa “faim” qui n’en est pas une, pour ne plus manger et pour la faire taire.
Comprendre que manger n’est pas un acte anodin et ordinaire, en est déjà le premier pas.
